jeudi 10 avril 2008

Totalitarisme ou liberté?

Nous revenons d'une conférence au centre Pompidou ou a eu lieu la confrontation, que certains pourraient qualifier d'obscène, de Docteur Pêche, un graphiste précaire (comme il se définit lui-même), et Malte Martin, un graphiste moins précaire comme il ne se qualifie pas lui-même, mais le fait sentir.

Du côté du Docteur, on assiste à un exposer express sur 9 ans de bons et loyaux services pour le CDN d'Orléans (Centre Dramaturgique National ndlr), et de ce fait à une évolution considérable du style des affiches et de la maîtrise des images grâce à l'interaction commanditaire/graphiste.

Pour ma part, et cela n'engage que moi, j'ai trouvé l'évolution du travail impressionnante, et surtout de bon ton, les dernières saisons (pas la dernière, trop resserrées) étant à mon sens arrivées à un point de maturité intéressant. Rappelons que Docteur Pêche a commencé ce travail quasiment à l'école, et qu'il lui a donc servi de formation de terrain. En tout cas, ce qui est flagrant, c'est la sincérité avec laquelle le Docteur s'attelle à la tâche, en essayant de produire le mieux avec les contraintes qu'on lui impose : utilisation du photomontage, du dessin uniquement, restrictions diverses sur les couleurs. Le résultat : neuf saisons dont on pourrait croire que le graphiste a changé chaque année.

Du côté de Malte Martin on trouve un graphisme qui me touche certes plus, mais qui dans un sens me semble moins sincère quant à la nature des spectacles. Je suis pour ma part amateur d'une grande économie de moyen, et c'est sans doute pour ça que je trouve les images de l'Athénée ou de Malakoff très bien, mais le sujet semble malgré tout s'éloigner. A tel point que l'on en vient à se demander si le graphiste fait la promo des spectacles, ou s'il est là uniquement pour satisfaire son besoin de recherche. La phrase qui pour moi a fait mouche a été, je cite : "…je pense que je m'essouffle et que peut-être vous devriez travailler avec quelqu'un d'autre…", au sujet d'un conversation qu'il aurait eu avec le directeur de Malakoff (le théâtre pas la ville ;), une telle considération me semblant abérante dans la situation où nous nous trouvons Laurianne et moi. Il est flagrant ici que l'absence de contrainte finit par tuer l'auteur qui n'arrive plus à se renouveler. Trop grande liberté?

Éternel débat sur le graphisme dit "d'auteur", qui reste avant tout à mon sens un dialogue avec un public, et qui se doit donc d'une certaine "monstration", plutôt qu'une démonstration. L'un des thèmes abordés a été le glissement de communication depuis le discours sur le spectacle, vers un discours sur le lieu ou a lieu ce spectacle afin de le démarquer des autres. On en arriverait-on donc à une bataille d'image de marque entre théâtre? Une stratégie marketing à qui sera le plus alternatif dans sa communication.

Je m'interroge, les réactions sont les bienvenues. Ce débat s'élargit aisément au reste du graphisme que nous autres petits auteurs estimons comme étant digne d'intérêt.

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